
Brassaï - Nice, quai des États-Unis, sans date - © Estate Brassaï – RMN
Hommage au legs de Gilberte Brassaï
En hommage à ce grand maître de la photographie et à l’occasion du legs de Gilberte Brassaï, consenti à la Ville de Nice au profit du musée Matisse et réalisé en 2011, le Théâtre de la Photographie et de l’Image et le musée Matisse organisent l’exposition : Brassaï photographe. Sa rencontre avec Matisse.
Parcours de l’exposition
Le parcours de l’exposition conçue au Théâtre de la Photographie et de l’Image permet de découvrir ou de revisiter l’œuvre photographique de Brassaï à travers plus de 140 tirages originaux réalisés par l’auteur.
Images du Paris cher à son cœur : Paris de jour dont il a su capturer l’essence et la lumière, Paris de nuit et Paris secret des années 30 où il a passé des nuits entières à observer les lieux et les gens et dans lequel il finissait par se fondre.
L’accent sera mis également sur « les Graffiti » qui représentent une partie importante de l’œuvre de Brassai. Il a été le premier à les considérer comme un art et pendant plus de trente ans, il les a photographiés suivant le vieillissement et l’évolution de ces témoignages de « si peu d’importance » qui sont pourtant « l’essence même de la réalité ».
Enfin, une salle est consacrée à des images puisées dans le legs, pour certaines moins connues, réalisées lors de ses nombreux séjours sur la Riviera qui nous font découvrir un Brassaï différent mais tout aussi attachant, ainsi qu’une partie du porte folio composé des 12 épreuves gravées sur plaque de verre des Transmutations.
Paris de jour - Paris de nuit
Cette série offre une vision réaliste de la Ville Lumière, sans interprétation, une leçon de neutralité où le photographe se met en retrait devant son sujet qu’il montre en totale liberté. Sa vision nocturne appréhende la ville sous un abord plus graphique et plus mystérieux.
À partir de 1930, Brassaï arpente Paris, de jour comme de nuit, muni de son appareil photo. Telles des comptes-rendus visuels, ses images traquent une poésie de l’urbain que ses amis écrivains traduisent par des mots. Car, à l’évidence, l’usage que Brassaï fait de l’image photographique est de l’ordre du poétique.
Brassai, dont la passion est de se mêler à la foule, en représente les multiples aspects. C’est en déambulant dans les rues qu’il va les découvrir, et en saisir les expressions, partant du quotidien, du commun, pour y déceler parfois le plus saisissant et le plus inattendu.
Paris de nuit s’apparente à un univers que connaît bien Brassaï et dont il livre sa propre perception. À commencer par l’apparition de la lumière artificielle venue se substituer à la lumière du jour qui nécessite une grande maîtrise technique et un temps de pose long, vraisemblablement de plusieurs minutes. Pour les sujets mobiles, Brassaï met au point une méthode par laquelle il combine la pose et l’instantané : la pose permettant d’inscrire les éléments fixes à l’image, tandis que les éléments mobiles sont photographiés en instantané, à l’aide d’un flash au magnésium. La lumière artificielle dans laquelle baignent ces images n’est donc pas seulement celle des réverbères, mais aussi celle que produit le photographe lui-même, lorsqu’il utilise un flash. Rappelons qu’à ces difficultés engendrées par l’obscurité, s’ajoute la lourdeur du matériel photographique. Brassaï travaillait encore avec des plaques de verre, dont le poids empêchait d’en transporter plus d’une vingtaine à la fois.
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Brassaï - La fête foraine,
place Saint-Jacques, s.d.
Collection Estate Brassaï
© Estate Brassaï - RMN |
Brassaï - Place de la Concorde,
Obélisque, s.d.
Collection Estate Brassaï
© Estate Brassaï - RMN |
Paris secret
Le Paris secret dans lequel Brassaï nous entraîne, bars louches, monde de la prostitution, des plaisirs achetés, un monde interlope offre une vision sans concession d’un Paris vivant et vibrant.
Le Paris nocturne que propose Brassaï traverse les places et monuments célèbres, les salles de spectacles et lieux de divertissement, en passant par le Paris des travailleurs de nuit et de la prostitution.
Dans les années 30, seul ou accompagné des écrivains ou des artistes qu’il fréquente (tels qu’Henry Miller, Picasso, Sartre, Camus ou Cocteau), Brassaï arpente la ville la nuit. Il parcourt les rues et les bars de Paris, dont il "croque" avec naturel les occupants dans leur milieu habituel. Il passe des nuits entières à observer les lieux et les gens qui donnent à la ville un visage que peu lui connaissent de façon aussi précise. Prostituées, voyous et autres personnages "marginaux" sont les héros les plus célèbres des photographies à la fois surprenantes et osées de Brassaï.
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Brassaï - Platane parisien, s.d.
Collection Estate Brassaï
© Estate Brassaï - RMN |
Brassaï - Le Baiser, v. 1935-1937
Collection Estate Brassaï
© Estate Brassaï - RMN |
Les Graffiti (1935-1950)

Brassaï - Graffiti, Le Roi Soleil, v. 1945-1950
Collection Estate Brassaï
© Estate Brassaï - RMN
Les Graffiti composent une partie très importante de son œuvre. Cette recherche graphique sur la trace et la mémoire fait l’objet d’une nomenclature des symboles dessinés ou gravés et d’un repérage des lieux afin de capturer leur évolution dans le temps. Prémices ou suite de son travail de graveur.
C’est en 1930 que Brassai commence à s’intéresser aux « Graffiti ». Il les traque sous toutes leurs formes et en tout lieux. Visages, masques, têtes de mort, satyres, animaux, signes ésotériques, il recueille ces « témoignages » qui ont toujours exercé sur lui une sorte de fascination.
A partir de 1950, il commence à repérer sur des petits carnets la localisation des graffiti pour les photographier et suivre leur évolution dans le temps. Il les classe en catégories : Proposition sur le mur, Langage du mur, la Naissance du Visage, Masques et visages, Animaux, l’Amour, La Mort, Magie, Images primitives…
Dans les années 60, il s’essaie sur ce même thème à la photographie couleur.
La Riviera

Brassaï - Filets, Cannes
Collection musée Matisse, Nice
© Estate Brassaï – RMN
Cet ensemble de photographies puisé dans le legs permet de découvrir encore une autre facette de sa création : un Brassaï plus solaire, une vision de la Riviera à la fois différente et simple et des images pour certaines moins connues de Grasse, Marseille, Nice, Cannes, Toulon, Saint-Tropez, Monte-Carlo.
Ces images montrent une vision différente de celle de Paris où Brassaï joue avec la forte lumière du soleil, le graphisme et les contre-jours. Des rues, dans les rues des passants oubliés qui ne se retournent pas, des clochards endormis, des petits métiers, ceux du parfum à grasse, et puis des enfants qui jouent sur une plage … un monde plus solaire.
Les Transmutations
« Transmutations » est un ouvrage composé de douze œuvres gravées sur plaque de verre photographique puis tirées. Par grattage, effacement, Brassaï transforme et intervient sur l’image photographique primitive, et tel un graveur réalise une impression à chaque état de l’évolution du travail.
Les œuvres datant de 1934-1935 sont issues d’un portfolio composé de douze épreuves aux sels d’argent issues de gravures sur plaque de verre photographique.
C’est à partir de plaques déjà impressionnées que Brassaï grave et délivre d’autres formes en intervenant sur l’image initiale puis en enregistrant les différentes étapes successives de cette transformation.
« ..ce qui m’attira dans cette aventure, ce n’était pas le procédé lui-même, plus ingrat sans doute que celui de l’eau-forte ou de la pointe sèche, mais la possibilité d’introduire dans la gravure ce je ne sais quoi qui n’appartient en propre qu’à la photographie […] je m’astreignais ici à révéler la figure latente qui gisait dans chaque image. La photographie est devenue la matière brute, le point de départ de mutations et transmutations qui n’avaient plus rien à voir avec elle. »
Brassaï et l’amour du Sud
A partir de 1929, époque où Brassaï s’est rendu au jardin exotique de Monaco pour y photographier les entrelacs des racines des plantes exotiques, il a toujours recherché ces montagnes, ces rivages, ces lumières et ces gens dont il faisait son miel. Alors, dans son travail s’inscrivent peu à peu les plages de galets, les chèvres de l’arrière-pays, les passants qui s’abritent des rayons du soleil, les chats qui sommeillent à l’ombre des persiennes, la joie des retrouvailles chez les marins, ces voiles blanches qui barrent l’horizon ou les pétales qui exhalent leur parfum dans le sillage des belles jeunes femmes. Peu à peu, Brassaï décline tout le charme de la Riviera avant d’avouer son admiration et son amitié pour celui qu’il considérait comme un Maître : Matisse. Depuis ce jour de 1931 où il s’approche "de cette belle maison à l’italienne à fronton de couleur ocre" et suit le conseil donné :" Matisse, sonnez deux fois", il photographie l’histoire d’une création majeure et tente de percer les secrets de l’artiste.
Lui qui fut le photographe de Paris de nuit et d’un monde interlope, lui qui accompagna les surréalistes, et notamment Dali, dans leurs recherches les plus fulgurantes, lui qui parcourut le monde pour Harper’s Bazaar, trouve à Eze d’abord, à Beaulieu ensuite, un terrain favorable aux jeux de la lumière et des ombres, un havre de paix où il retrouve ses amis artistes, dont Matisse et Picasso, mais aussi une société dont il aimait partager, avec sa femme Gilberte, les joies simples.
A la requête de Gilberte, il m’a été demandé de recoller les archives photographiques, les écrits, les dessins, les sculptures, le film et tapisseries qui témoignent de son intense activité intellectuelle et artistique, de veiller à ce que soient attribués les legs qu’elle avait destinés avec une grande générosité aux musées et enfin d’assurer une diffusion permanente de l’œuvre de Brassaï, ce qui m’a permis nombre de découvertes inattendues et a conforté l’admiration sans faille que je porte à cet immense artiste.
Enfin, depuis toujours j’ai entendu les Brassaï évoquer les années heureuses et affirmer vouloir rendre à Matisse et à Nice ce que ces derniers leur avaient apporté, espérant ainsi rester parmi les vivants.
Agnès de Gouvion Saint-Cyr
Biographie chronologique de Brassaï
1899 : GyulaHalásznaît le 9 septembre à Brassó (Braşov), en Transylvanie, dans la partie roumaine de la Hongrie d’alors.
1903-1904 : Premier séjour en France où son père bénéficie d’une année sabbatique.
1917-1918 : Sert dans la cavalerie austro-hongroise lors de la Première guerre mondiale.
1918-1919 : Suit les cours de l’Académie des Beaux-Arts de Budapest auprès de Mattis-Teutsch.
1921-1922 : Se rend à Berlin pour suivre les cours de l’Académie des Beaux-Arts où il obtient son diplôme avant de fréquenter des académies libres où il rencontre le cercle d’artistes qui deviendront ses amis : Moholy-Nagy, Kokoschka, Kandinsky, Tihanyi mais aussi Varèse. Il dessine, grave mais surtout met en place sa démarche artistique et intellectuelle en se donnant Goethe comme maître à penser.
1924 : Arrive à Paris en janvier et ne retournera plus jamais dans son pays natal ; parlant le hongrois et l’allemand, il se met à l’étude du français, ayant fait le choix de vivre en France. Pour vivre, il devient journaliste et collabore avec un journal hongrois et des magazines allemands tandis qu’il occupe ses soirées au milieu de la colonie d’artistes, hongrois ou allemands principalement, qui fait les beaux jours de Montparnasse.
1925 : Rencontre l’écrivain Henri Michaux ainsi qu’Eugène Atget, dont il admire le travail photographique.
1926 : Fait la connaissance à Montparnasse d’André Kertesz ; poursuit son activité de journaliste tout en recherchant pour la presse des photographies servant à illustrer ses articles.
1928 : Rejoint l’hôtel des Terrasses rue de la Glacière où logent ses amis Tiyanhi, Reichel, Korda ou Queneau.
1929 : Début de son activité de photographe, à l’origine pour illustrer ses articles. Acquiert son premier appareil : un Voigtländer.
1930-1931 : Ses parents viennent lui rendre visite quelques mois à Paris. Il commence à photographier de façon systématique des objets ordinaires (objets à grande échelle) avant de débuter son long corpus sur Paris la Nuit. Pour ce faire, il installe une chambre noire dans son hôtel et réalise lui-même ses tirages. Il se lie d’amitié avec Calder et Hayter avant de rencontrer Henry Miller avec lequel il va arpenter les rues de Paris jusqu’au petit matin.
1932 : Il adopte le pseudonyme de Brassaï avec lequel il signe ses travaux photographiques. Il publie Paris de Nuit avant d’entreprendre la longue saga sur les mœurs de cette société déclinante qu’il publiera sous le titre de Paris secret des années 30. Il rencontre les frères Prévert, Fernand Léger, Le Corbusier mais surtout Tériade, directeur artistique, qui va le présenter à Picasso et l’introduire auprès des artistes qui vont faire la gloire de la revue Le Minotaure. Commande décisive de Picasso qui lui demande de photographier ses sculptures dans son château de Boisgeloup, mais aussi son atelier de la rue de La Boétie.
1933 : Pour le compte du Minotaure et d’Albert Skira, il collabore avec André Breton, Paul Eluard, Robert Desnos, Salvador Dali etc... Pratiquement chaque livraison de la revue présente soit un article, soit des travaux photographiques de Brassaï, soit les deux. Première exposition personnelle à la Batsford Gallery de Londres. Séjourne sur la Riviera aves ses parents et son plus jeune frère ; il y photographie le jardin exotique de Monte-Carlo et le monde minéral.
1934 : Poursuit ses études de mœurs pour les magazines mais aussi pour une presse plus spécialisée qui lui demande parfois de mettre en scène des situations (Détective, Paris Soir, Paris Tabou). Rencontre à Londres Bill Brandt qui devient l’un de ses plus proches amis.
1935 : S’installe dans le XIVème arrondissement de Paris qui lui sert de point de départ pour toutes ses investigations photographiques ; installe son laboratoire dans son appartement. Confie la diffusion de ses images à son ami hongrois Charles Rado qui va s’installer à New York pendant la guerre et demeurera son agent. Engage émile Savitry comme assistant et acquiert un Rolleiflex. Rencontre Matisse dont il fait les premiers portraits.
1937 : Il débute sa collaboration avec les directeurs artistiques Carmel Snow et Alexis Brodovitch pour Harper’s Bazaar, collaboration qui durera plus de vingt-cinq ans.
Collabore à de nombreuses revues et magazines français et étrangers : Vu, Verve, Labyrinthe, Coronet, Réalités, où il publie textes et photographies.
1939 : à la demande de Matisse, exécute une série de Nus à l’atelier puis réalise pour Life une série sur Picasso à l’atelier.
1940-1942 : Part en exode avec les frères Prévert et une partie de leur groupe qui se retrouvent à Cannes, mais Brassaï décide bientôt de rentrer à Paris pour retrouver ses négatifs. Refuse de demander une autorisation aux Allemands pour travailler et rejette une invitation à émigrer aux états-Unis. Sur les conseils de Picasso, il reprend le dessin.
1943 : Ecrit Bistro-tabac qui évoque les absurdités du temps de l’Occupation. Picasso lui demande de photographier ses sculptures dans son atelier, ce qu’il fera jusqu’en 1946 ; il note leurs échanges qui paraîtront sous le titre de Conversations avec Picasso.
1944 : Mort de son plus jeune frère pendant la campagne de Russie.
1945 : Expose ses dessins à la galerie Renou et Colle. Réalise en photographie les décors du ballet Le Rendez-vous de Jacques Prévert.
1947 : Réalise le décor photographique de la pièce de Raymond Queneau En passant.
1948 : épouse Gilberte Boyer. écrit Histoire de Marie, préfacée par Henry Miller. Il séjourne dorénavant une partie de l’année dans l’arrière-pays niçois.
1949 : Naturalisé français. Réalise le décor photographique de la pièce d’Elsa Triolet D’amour et d’eau fraîche.
1949-1950 : Voyage pour le compte de Harper’s Bazaar à travers les pays d’Europe et le continent américain.
1950 : Réalise les décors de Phèdre, ballet de Jean Cocteau.
1952 : Mort de sa mère. Publication de sa première monographie par l’éditeur français Robert Delpire et première exposition personnelle de ses photographies en France, à Nancy.
1956 : Réalise son unique court-métrage Tant qu’il y aura des bêtes qui est primé à Cannes. Edward Steichen réalise pour le Museum of Modern Art de New York son exposition « Graffiti ».
1957 : Premier voyage aux états-Unis où il photographie la Louisiane en couleurs pour le compte du magazine Holiday. Fait la connaissance de Robert Frank et Walker Evans.
1958 : L’Unesco lui commande un long panneau photographique pour représenter cette discipline dans les bâtiments parisiens.
1960 : Exposition de sculptures et de dessins à la galerie Pont-Royal à Paris. Termine les textes et la maquette de son livre Graffiti.
1961 : Débute la rédaction de Conversations avec Picasso.
1962 : Expose ses graffiti à la galerie Daniel Cordier.
1963 : Exposition rétrospective à la Bibliothèque Nationale.
1964-1965 : Publie Conversations avec Picasso, qui sera traduit dans une vingtaine de pays.
1967 : Expose les « Transmutations » à la galerie Les Contards à Lacoste. Se lance dans ses premières tapisseries sur le thème des graffiti.
1968 : Expose ses sculptures, dessins et gravures à la galerie du Pont des Arts.
Le MoMA, à NewYork, lui consacre une rétrospective. Mort de son père. Début de la rédaction d’un essai sur Henry Miller.
1971 : Exposition de graffiti couleurs à la galerie Rencontre. Il reçoit une commande de l’état français pour une tapisserie réalisée à partir des graffiti.
1972 : Exposition de dessins, sculptures et tapisserie à la Galerie Verrière à Lyon.
1973 : Nouveau long voyage aux états-Unis (Washington et Californie).
1974 : Invité d’honneur des Rencontres internationales de la photographie à Arles.
1975 : Publie Henry Miller grandeur nature, bientôt suivi de Henry Miller, rocher heureux.
1976 : Publie chez Gallimard son Paris secret des années 30. Il est élevé à la dignité de Chevalier de la Légion d’Honneur.
1977 : Conférence au MIT de Cambridge et à la Columbia University. Publie Paroles en l’air.
1978 : Reçoit le Grand Prix National de la Photographie.
1982 : Parution des Artistes de ma vie.
1983 : Reçoit le Prix de la Société des Gens de Lettres pour ce dernier ouvrage.
1984 : Termine son ouvrage sur Proust. Meurt le 7 juillet à Beaulieu-sur-Mer.